Mon petit chat

Je deviens gaga de mes chats, j’ai pris l’habitude par réflexe de nommer mon entourage, “mon petit chat”. Ce qui peut parfois porter à confusion. Quoique heureusement, je n’ouvre pas systématiquement ma bouche pour débiter mon flot de pensées à l’instant, donc ça donne parfois une sorte de charabia. Même ma fille me l’a fait remarquer. Disons que je ne vais pas de suite nommer mon futur et potentiel prétendant ou mon père “mon petit chat”, mon inconscient le maîtrise parfaitement. Je me rattrape vite, je crois être trop bien entraînée à conscientiser et compenser. Car il y a bel et bien deux mondes, mon intérieur et le reste et ça fait beaucoup à gérer. J’en rigole parfois, je prends conscience des personnes auxquelles je tiens réellement. 

Je n’ai aucun problème à communiquer avec mes chats, ça devient plus compliqué avec mes semblables, constat que je prends avec beaucoup de sérénité et d’humour aussi. Cela dit, il me semble qu’il serait temps de prendre en compte cette impromptue envie de mon inconscient de s’exprimer autrement que dans ma tête. C’est peut-être qu’en vieillissant je remarque que cet endroit est ô combien encombré, surchargé. Dans la réalité, je m’épuise trop souvent au point de m’en donner des migraines. Je sais que je pense trop, rien de nouveau sous les tropiques. Seulement je ne sais quoi faire de toutes ces pensées, je ne sais pas bien les trier et ça devient vraiment harassant. J’apprécie tellement le seuil de la nuit, lorsque le silence s’installe dans la maison. Un plaisir que je garde précieusement, égoïstement. 

Je lâche prise doucement. Pendant très longtemps je ne supportais pas de m’entendre parler. Une voix trop enfantine à mon goût qui à son intonation me semblait révéler tout de moi, d’un coup. Sauf que je n’ai aucune raison de croire en ces choses là, que je suis trop influencée par ce qu’on a toujours vu de moi. Une fille timide et effacée, qui n’a rien à dire, qui est perchée. En fait, j’ai trop longtemps été dominée par le manque de confiance en soi. Et si je veux être tranquille, autant lâcher prise, apprendre à faire du tri dans mes pensées. Et pour cela, quoi de mieux que d’écrire? Car j’ai autre chose à dire que juste ce qui me traverse l’esprit et que je peux transcrire dans mon carnet de journaling. J’ai recommencé assidûment lorsque ma fille a eu un an et ce travail a porté ses fruits, la magie de l’écriture s’est lentement enclenchée. 

Je crois que j’ai entendu un miaulement derrière moi, c’est le chat dehors qui n’a toujours pas compris qu’il pouvait pousser la porte-fenêtre pour ouvrir. Il faut tout lui faire à celui-là, jusqu’à lui apporter ses croquettes sur un plateau d’argent. D’ailleurs, si j’en avais les moyens je serais peut-être capable d’en arriver jusque là mais pour le moment je lui fait juste une tirade pour lui exprimer mon mécontentement. Il me regarde, et s’en va comme un roi, en dandinant son humble postérieur. 

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