J’accueille la saison sombre

Je traverse les saisons toujours avec poésie, car je perçois le monde tel un livre érigeant les mystères. Et lorsque novembre approche et que je sens enfin l’odeur de l’automne, j’écris sur le voyage des oiseaux, sur les nuages en pagaille se fâchant pour la pluie, puis la fraîcheur, celle qui invite au contact des pulls en laine, et la lumière déclinante. Après avoir franchi les pas de ma porte je m’immerge lentement dans cette nouvelle ambiance. J’ouvre mon livre, sous une lumière tamisée, je repose mes yeux sur des images réconfortantes. Mon foyer intérieur s’illumine, quand par la fenêtre, les gouttes de pluie s’accumulent et que les nuages gris s’emparent du ciel. L’énergie de l’été, je la confine sur du papier. 

C’est une invitation à l’introspection. Retrouver la matrice, la cathédrale des sens et la vie qui s’en va, dans la forêt, ce lieu si intime qui me lie à l’invisible. 

Parmi ses couleurs envoûtantes, son humus odorant, j’y rencontre la fin, la descente au-delà de la terre, puis j’approche le murmure des disparus.

En ces heures, le voile s’étiole, la mémoire des défunts intacte se ranime à la lueur des bougies et m’invite à côtoyer les ténèbres, comme une vie traversée de fêlures.

J’accueille, au grès de mes pas foulant les feuilles tombantes, mon rôle de passagère. Je laisse mon cœur battre si fort, mon souffle s’animer de magie, ouvrir les portes de ce paysage si familier ancré. Le lien sauvage qui m’unit aux fantômes et me guide sur les chemins de traverse. 

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