Où ma route me mène ? Je rêve tellement, mes pensées sont foisonnantes de moments intenses et rien ne s’arrête vraiment. Si seulement je pouvais lever le voile, poser un pied sur la terre ferme et ne plus m’échapper. J’erre depuis un demi siècle peut-être. Je suis perdue dans un espace temps et je n’ai que le souhait d’en revenir, marcher sur une route qui me ressemble, d’où jaillit l’humilité d’une vie qui ne demande qu’à révéler son intensité.
Exprimer ma magie, exprimer ce qui a longtemps été trop enfoui. Nulle ne peut se douter, nulle ne saurait deviner qu’au travers ce regard se noie un univers tout entier. Comme s’il était possible qu’une seule personne puisse sauver ce monde. Une seule personne à part moi. Sur la proue d’un bateau, partie affronter les vagues, me voici face à un rivage. J’y laisse tant de trésors, qu’il m’est impossible de croire encore. Je me laisse envahir par le bruit assourdissant des sirènes qui m’emprisonnent là où je ne puis briller. J’en suis malade d’avoir tant creusé, d’avoir voulu m’extirper. Je suis hors d’haleine, démunie, avec tout ce poids de cette peine qui m’envahit et m’arrache de ma rêverie.
Où suis-je maintenant, à danser sous la pluie ? À trouver le temps long, quand face à moi défile ce qui n’est pas. Un paysage loin des nuages, des cimes des arbres, frôlant les ciels endormis. Cette immensité m’attend pourtant. Je le trouverai sur mon chemin, le souffle coupé, la main sur le cœur, rien que pour le sentir s’exclamer. Les étincelles, celles que je n’ai jamais cessée de semer, aveuglement, celles qui me lient à toi. Et j’entends mon sang pulser. Je choisis de la laisser venir à moi, cette douce mélodie que j’entends enfin. Elle n’est encore qu’un murmure, je découvre par ici et là, des musiciens. Et depuis que je l’écoute, j’apprends à lui tenir la main et lui offrir ma douceur, lui confier mes peurs et partager mes souhaits. Ce qui grandit en moi, je suis allée le chercher très loin.