Rhapsode

©Céline Campillo

Je suis si subjuguée qu’une musique puisse être à ce point entêtante quand elle a du mal à s’extirper de mes pensées. Elle se colle, me pose là, face à mes émotions, des instants fugaces d’appréhension d’une certaine forme de beauté. Il y a longtemps déjà que je sais à quelle musique mes vouer. Me confronter. M’infliger une sorte de réalité afin de m’expulser ailleurs, sur le terre ferme. Sauf que je n’étais pas là, gardant tout pour moi. J’ai toujours trouvé n’importe quel recoin pour m’y cacher, pourvu qu’on ne me voit pas. Depuis, j’ai affiné cette ombre grandissante, à toutes ces heures passées à croire à mon propre désastre. Une ombre fuyante, éjectée hors du cadre.
Je ne veux toujours pas déranger ce monde qui va si vite, ce qui laisse cours à mes échappatoires. Oublier de lâcher prise, apprendre ou donner l’illusion de partir vivre dans mes pensées. Que faire quand j’en perds les mots ? Quand ils s’entrechoquent au seuil de ma chair en nombre par milliers ? Je me sens si démunie. Hélas, je n’ai pas peur du temps qui passe, je reste à l’écart de cette pièce de théâtre, une mascarade. Et j’écris. Ainsi, glisse doucement cette doucereuse amertume, dans la corbeille à papier. Car je sais renaître malgré les tempêtes.

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