J’ai fait un grand pas de côté, j’ai traversé des fourrées, mis les pieds dans la terre mouillée et à peine épousseté mes vêtements. J’aime humer l’odeur de la forêt, qu’elle se colle à ma peau depuis les premiers pas de ce chemin si longtemps parcouru. J’ai foulé la plus grande des étendues, faite de ronces et de mystères. Aucune flèche, ni de sang versé.
Je ressens encore tous les muscles battre au rythme des tambours, de la volonté désormais bien ancrée. L’ascension ne fait que commencer, nue de toute trace laissée par mes blessures. J’ai tout un empire à construire, offre la joie. L’odeur des matins pluvieux, l’attachement si précieux d’un foyer au cœur léger. Écrire à propos de cette sensation de pouvoir se lover à tout moment dans l’alcôve de ton être si fou, de pouvoir aimer.
Il serait bon de pouvoir y croire. Danser sous les pluies automnales, dans la souveraineté de mes croyances. Ce monde où règne l’éclat de rire des enfants en tout lieu, jusqu’à l’antre de la forêt. Depuis sa densité, j’entendrais ta voix à travers les murmures hagards. Et timidement, je viendrais t’écouter. Tu as probablement la lueur de ces poèmes, dont les mélodies sonnent si justement dans mes oreilles.
Tu n’auras d’abord que des soupçons, des regards furtifs, car sur mes gardes je suis prête à bondir au loin. Et ne jamais revenir.
Si consciemment libérée. Je ne m’endors plus sur des rêves inachevés, j’érige des frontières, je prends soin de mon intérieur. Et si ma porte est toujours entrouverte, il y a de la magie dans l’air, des poèmes envoûteurs, des maléfices, et autres énigmes à l’orée de mon être. A toi de t’en approcher, si tu penses être. Je suis quelque part endormie, sur mon bosquet de feuilles mortes.