Brève.

Brève.

Son truc, c’est d’insister jusqu’à ce que je cède. Son jeu, je le connais par coeur, il tente de me duper, de me faire tourner en bourrique. Il baratine, fait sa victime. Il tente de me retenir encore et toujours dans ses filets. Il passe son temps à agir ainsi, et pas seulement avec moi. Il fait comme s’il t’écoutait, puis il revient toujours à lui. Puisqu’il est forcément plus à plaindre. Il peut passer des heures au téléphone à tenter son manège, car dans la réalité, il n’en est pas capable. Pas capable de se confronter aux autres, décomplexé derrière le téléphone ou l’écran, il se referme quand il est face au monde. Il a l’air sympa comme ça, gentil. Il dit oui, pour que derrière ton dos il assassine toute volonté de s’en sortir. 

Dès lors, son discours se teinte d’un champ lexical de guerre. Il aime ça, batailler, avoir le dernier mot. Parfois j’ai la sombre pensée qu’il pourrait très bien se glisser dans la peau d’un dictateur. Mais il n’a pas cet aplomb, de se révéler ainsi au grand monde, il cache bien son jeu. 

Tout cela, il ne l’a pas inventé, puisqu’il est lui-même victime, pris dans les filets depuis sa plus tendre enfance. Il a étouffé plusieurs fois, je ne sais pas comment il fait, pour toujours revenir s’y engouffrer. C’est sa zone de confort, le seul monde qu’il connait dans lequel il croit se sentir en sécurité. Si son monde s’écroule, ce sera son bourreau qui l’entraînera dans sa chute.

© Photo: avril 2027 / Texte  février 2025.

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